de intellectu

(En lisant ceci: http://etrechretien.discutforum.com/t753-l-intellectuel-est-il-suspect-au-regard-de-la-bible)

Dans "l'intelligence" il va et il vient, alternativement, de l'activité et de la passivité, de la faiblesse et de la force, de la tension et du relâchement.

Affaire de mesure et de proportion sans doute, mais non de mélange, car co-impliquant des incompatibles ou des incompossibles, qui ne souffrent ni ne peuvent la simultanéité et la superposition; équilibre de mouvements et de moments opposés qui ne se synchronisent que diachroniquement, par le décalage, l'écart et la succession. On ne peut pas tout faire (et surtout faire et ne pas faire) à la fois, mais il y a bien un temps pour tout. Et même la distribution des rôles entre plusieurs "sujets", acteurs ou personnages, tour à tour interlocuteurs et interloqués, dans un for intérieur comme sur un forum extérieur, suppose la durée du dialogue différé et la répartition des temps de parole et de silence, d'action et de passion. 

Autrement dit, affaire de rythme.

Du côté (ou plutôt du moment) passif et faible, l'"ouverture d'esprit"; exposition où toute cohérence se compromet, où la (pré-)compréhension se rend vulnérable, où l'acquis prête le flanc à l'inassimilé: c'est le risque et le prix de la perception et de la réception, son danger et la condition de sa possibilité; accueil indiscriminé ou invasion subie de l'être, de l'autre, de l'événement, du phénomène, discours compris: du fait et du dit -- comme (encore) incompris.

Du côté (du moment) actif et fort, ce qui ressortit d'une part à la séparation, à l'analyse et à la distinction, au jugement et à la discrimination (la bina en hébreu, de byn, "entre"), à l'exclusion et à la frontière; d'autre part à l'assomption, à l'inclusion, à la prise en charge, à la reprise, au rétablissement et à l'intégration, à l'articulation, à l'organisation, à la coordination, à la construction, à la structuration, à la cohérence et à la cohésion, à la synthèse et au système, à la (re-)mise en rapport, en relation et en forme.

Ouvert, tranchant, reliant. Mais pour, à nouveau, briser le lien de la compréhension et l'ouvrir à la brèche de l'incompris.

Le pas du cycle, d'un tour à l'autre, est contemplatif. C'est la théorie même de la synthèse accomplie, bouclée, qui sur sa lancée (r)ouvre celle-ci au retour de ce qu'elle a retranché, exclu ou simplement laissé dehors pour se constituer.

L'intel-ligence se situe aussi, surtout peut-être, entre deux lectures -- entre deux recueillements, entre deux rassemblements, entre deux compréhensions. C'est elle qui permet l'impossible, le passage aporétique et littéralement incompréhensible de l'une (qui n'est jamais la première) à l'autre (qui ne sera jamais la dernière).

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Quand saint Paul se moque de l'intelligence ou même de "l'intellectualisme", c'est l'hôpital qui se fout de la charité. On ne fait guère (dans le Nouveau Testament) plus intellectuel que lui.

Démagogie sans doute (je l'évoquais déjà ici: http://www.jehovahs-witness.net/jw/friends/83279/1/Anti-intellectualism-and-demagogy). Mais intelligence aussi. Bien sotte l'intelligence qui ne saurait pas rire d'elle-même, au moins (c'est le plus facile) quand elle se reconnaît sur le miroir d'autrui.

רָאִיתָ אִישׁ חָכָם בְּעֵינָיו תִּקְוָה לִכְסִיל מִמֶּנּוּ Proverbes, xxvi, 12.