Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
6 novembre 2021 6 06 /11 /novembre /2021 12:54

Effets locaux de raison illusoire dans la folie générale, de régularité trompeuse dans la singularité universelle, qui ne se nommerait même pas, ni ainsi ni autrement, sans l'erreur qui fait perspective.

Dieu fou à lier, et devant, derrière, tout autour, le logos lecteur et licteur, toujours déjà là pour le traquer et le cerner, l'appréhender et l'arraisonner, le traîner ou le traduire en justice et en vérité; toujours en retard pourtant d'une livraison, d'une traduction et d'une trahison, d'une comparution sur l'apparition, d'une irruption sur l'éruption, l'émission ou l'émanation, d'une ligature ou d'une lecture sur le délire.

C'est à celui-là quand même, deus nudus, dieu nu,, poète, sauvage, ainsi seulement sauf et sauveur, que nous aurions affaire en dernière comme en première instance, au-delà comme en-deçà des médiations de l'autre, celui-ci fût-il son empreinte, son ombre ou son reflet fidèle, par là même son exact contraire.

Jusqu'à la confusion du nous dans le nu (qui n'y laisserait pas même un os).

Doué pour les langues,, paraît-il, il aurait récité, ou bégayé, la maternelle devant le père et inversement, puis, au hasard, le sectaire ou le gauchiste, le chrétien ou l'humaniste, l'anarchiste ou le nihiliste, jusqu'à épuisement de tout milieu locuteur ou auditeur: quitte à (ne) parler de rien, et pour ne rien dire, au bord du silence, autant que ce ne fût plus à personne, sinon en ces langues défuntes que seuls les morts entendent.

Tout t'a été donné: à toi d'en déduire si tout t'était dû ou si tu devais tout donner -- alternative ou alternance -- et personne pour te donner raison ou tort.

Nul jugement si impitoyable que l'absence de jugement -- elle aussi préalable à la grâce, sans contradiction, ni paradoxe ni dialectique, insoutenable dans sa droiture et sa simplicité: c'est justement parce qu'en ne disant rien elle seule dirait vrai qu'on ne saurait la croire.

Le jugement des autres serait insupportable, s'il n'offrait quelquefois l'occasion d'échapper au jugement des uns.

Toujours trop tôt et trop tard pour dire adieu, jamais pour l'écrire, ni pour le lire.

Adieu donc les mots et les choses, les voix, les visages et les corps, les noms, prénoms, pronoms, toi et moi, lui ou elle, nous et vous, elles ou eux; les animaux, les arbres, les rochers, les collines et les montagnes, les torrents, les rivières et la mer, le vent, la pluie, la neige, les nuages, le soleil, la lune et les étoiles, l'espace et le temps, le jour et la nuit, la musique et le silence, la lumière et les ténèbres, les formes et les couleurs; adieu les dieux et les diables, la vie et la mort, le bon et le mauvais, l'amour et la haine, la peur et le désir, la peine et la joie, adieu les adieux à jamais, depuis toujours.

Où la bénédiction l'emportera toujours, et de justesse et par surprise, sur la malédiction -- même à qui tu enverrais et de qui t'enverrait au diable.

Tu avais aimé la désespérance -- le mot, échappé de sa phrase, l'espace et le temps de quelques pirouettes charmantes à tes yeux émerveillés, avant d'y reprendre sagement sa place: je te cueille aujourd'hui le nonchaloir, la désinvolture, l'insouciance, la désobéissance.

(Le référent change et ne change pas, pas plus d'un tu que d'un je à l'autre et à la fois -- deuxième personne comme la première, réfractaire au nombre comme au genre, à l'ordinal comme au cardinal. Par quoi j'ignore ce qui nous arrive en ce moment même, de la nuit des temps et des crépuscules à venir en tant de corps et d'âmes, contrepoint, contrepoids, contrechamp et contrechant infinis de chaque joie ou peine connue, et finie.)

 

 

 

 

Voir les commentaires

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de Narkissos
  • : un peu de rien, un peu de tout, derniers mots inutiles tracés sur le sable, face à la mer
  • Contact

Recherche

Archives

Liens