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Les livres sont des cartes pour se perdre.

 

L'idée de progrès est une eschatologie sécularisée.

 

Le regret est le mode rétroactif de l'espérance.

 

L'art, c'est l'aptitude à faire disparaître l'artifice.

 

Toute doctrine est arrogante.

 

Plus une idéologie est fumeuse, plus elle est toxique.

 

Les fables qui flattent l'homme ne vieillissent jamais.

 

Montrer ses plaies ou ses trophées, deux vulgarités symétriques.

 

Aimer, c'est disputer un être au néant, en étant sûr de perdre.

 

Rien de plus réel que de rêver qu'on tombe dans le vide.

 

L'oisiveté, ultime vestige du paradis, n'est fatale qu'aux esclaves.

 

Dieu aurait pu créer l'homme meilleur. Et réciproquement.

 

Tout excès est un défaut.

 

Chez tout fanfaron se cache une insécurité.

 

La musique des sphères est un requiem grandiose.

 

On se ment à soi-même, pour s'entraîner.

 

Se souvenir, c'est une façon créative d'oublier.

 

Le passé est le crime du temps, l'avenir son châtiment.

 

L'autodénigrement peut être une forme sophistiquée de narcissisme.

 

La vérité est sous les yeux fermés de chacun.

 

La métaphysique, ce commérage sur l'inconnu.

 

La mort est une erreur qui s'annule d'elle-même.

 

Les couchers de soleil ont plus de spectateurs que les levers.

 

 

*La présente sélection est due à la généreuse invitation de Fernando Menéndez (Libelos, Gijón, Asturies, Espagne), qui crée en tirage limité et hors commerce de brefs et beaux recueils d'aphorismes, le plus souvent d'origine italienne et française et traduits en espagnol (castillan). Il a sollicité Maurizio Manco, que je ne présente plus et qui a aimablement suggéré mon nom (Didier Fougeras) pour la section française, bien que mon rapport à l'aphorisme soit occasionnel, sinon accidentel. Dans l'ouvrage qui vient de paraître, les lignes qui faisaient pendant, sinon écho, à celles de Maurizio, étaient les suivantes (que les habitués de ce blog auront peut-être déjà lues ici ou là):

Le fléau des époques fatiguées, ce sont les infatigables.

L'avenir est ce qui n'aura jamais eu lieu.

Montre-moi un père ou une mère, et je te montrerai un assassin.

Leçon fossile : l'avenir est minéral.

Ce sont les vivants qui meurent, et les morts qui survivent.

Nul n'a donné la vie tant qu'il la garde.

Les relations humaines sont posthumes, même quand elles ne sont pas à sens unique.

La métaphore, c'est l'honnêteté de l'attribut.

Il faut que le présent soit rare.

Tous les mots ont un goût de cendre, qui attendent de nouvelles bouches à dévorer.

La vérité, mille masques et pas de visage.

Dieu s'entoure d'une épaisse nuée de médiocrité.

Être dupe ou désintéressé : alternance plutôt qu'alternative.

Le pire serait encore que l'ennui ne soit pas mortel.

Du suicide et de la survie, lequel est la ruse de l'autre ?

Curieusement, personne ne garde son égoïsme pour soi.

Qui a entrevu l'anarchie originaire n'en est jamais revenu.

Gnoses homéopathiques : guérir la conscience par la conscience comme le mal par le mal.

C'est une lucidité de mort qu'il faudrait pour dissiper l'illusion mortelle du sérieux.

Il fallait que ciel t'abandonne pour que tu t'abandonnes.

En vagabond, en poète, en conquérant, en souverain, en riverain, en voisin, habiter son absence.

Dans chaque solitude, on est encore un de trop -- et le plus fâcheux.

Sans beauté, sans bonté, sans bonheur, sans joie, ce ne serait pas non plus le pire des mondes possibles.

De la concision de l'aphorisme comme de la singularité de l'homme, le nombre se venge en les multipliant.

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Published by Narkissos - dans Maurizio Manco

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  • : un peu de rien, un peu de tout, derniers mots inutiles tracés sur le sable, face à la mer
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