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2 février 2019 6 02 /02 /février /2019 10:10

Ne fût-ce que par la tautologie de son autologie spéculaire, de la nomination générique et particulière par laquelle il se désigne comme il se réfléchit, le soi-disant homme homme ou femme, anthrôpos présumé androgyne, a-sexué comme bi-sexué, de là homo sapiens sapiens etc., n'eût pas été ce qu'il est sans son dernier spécimen, lui-même homme ou femme, fils ou fille d'homme et de femme, l'un ou l'autre. Fin de race et fin de règne, fin de génération, de généralité, de genre si dégénéré soit-il-ou-elle, au point que tout cela, nature, essence, espèce, race, nation, classe, milieu, famille, sexe, identité et individualité, lui devienne tout ensemble insupportable. De là sa mutation indécise et décisive vers autre chose, tout, rien ou personne, n'importe qui ou n'importe quoi, s'inscrirait pourtant a posteriori en signature, contreseing ou paraphe de toute son histoire, en amont de toute écriture et de toute grammaire, jusque dans la conjugaison et la flexion fonctionnelle de la langue la plus archaïque, dès lors qu'elle a donné lieu à un jeu personnel, toujours déjà inter- et intra-personnel, de la première personne déjà seconde à l'éventuelle dernière, et de part en part à du genre et à du nombre. Quoique à cela la première personne du singulier se soit peut-être toujours ménagé l'illusion d'échapper, unique en la retraite de sa singularité asexuée, comme en-deçà d'un sexe qui lui arriverait de l'extérieur (ainsi dans la grammaire hébraïque où elle est seule a priori sans genre).

En attendant le sexe, revenant à son "sujet" individuel promu et fragilisé comme il ne l'a jamais été mais le sera toujours davantage, constitué dans le miroir comme dans la langue par l'occultation de son corps, par le vêtement textile ou textuel qui l'a préalablement réduit au visage et aux mains, traduisant et trahissant sa différence corporelle en signe vestimentaire ou syntaxique, conventionnel et arbitraire (jupe ou pantalon, accord masculin ou féminin des adjectifs et des participes), lui advient à son tour comme le signe équivoque, merveilleux et catastrophique, de sa dépossession, au double sens de l'exorcisme et de l'aliénation sans retour. Dépossession réelle d'une fiction symbolique et imaginaire (pour causer comme Lacan) qui ne fait pourtant là  que commencer, premier d'une longue série qui annonce déjà son impossible fin; avant même le cadavre de l'autre qui se fait rare et tardif, le plus souvent refusé à la vue de l'enfant, au moins par le cercueil comme le corps vivant par le vêtement.

Physiologie coextensive aux jeux d'amour et de mort, si naïfs, pervers, ingénieux ou merveilleux soient-ils.

 

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