En revoyant -- juste après Dreyer ! -- L'âge d'or (1930) et Susana (1950), de Buñuel, impossible de manquer la complémentarité des points de vue. Plutôt que la contradiction des propos, à moins de l'entendre exactement dans le même sens. Outre les différences de style et de ton: Jour de colère peint tout autant l'anarchie joyeuse et dévastatrice du désir, irréductible quoique condamné d'avance; son impardonnable innocence; mais il le fait sur un mode lyrique, et classique au meilleur sens du terme. Buñuel, du Chien andalou à Cet obscur objet du désir, sur un mode malicieux, dont le rire caractéristique et communicatif (carcajada), déployé à l'âge d'or du surréalisme parisien, s'entend encore sous les contraintes mexicaines, qu'il va d'ailleurs repousser de plus en plus loin. Avant le retour à une Europe méconnaissable où il saura encore, et combien, se faire reconnaître.
Le désir ou l'autre de la lumière, viscéralement réfractaire à celle-ci; qui en vit pourtant et la recherche obscurément, si loin qu'il la fuie, si prudemment qu'il s'en abrite; que pourrait-elle éclairer, sinon ce que par ses voies détournées il fait venir au jour ?.