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3 avril 2010 6 03 /04 /avril /2010 16:55

Ich kann nicht anders... Gott helfe mir! Je suis, aussi, religieux.

La religion ne se confond pas avec la théologie, ni avec la spiritualité, ni avec la mystique dont elle constitue en quelque sorte le corps (et, partant, tôt ou tard, le cadavre); encore moins avec la morale, la politique, la philosophie, la psychologie ou l'art, bien qu'elle entretienne souvent un rapport plus ou moins ambigu avec tout cela qui peut être, à des degrés divers, ou non, qualifié de religieux.

Elle suppose l'adhésion implicite à un mythe et la participation à un rituel fédérateurs, transcendants ou du moins transversaux à l'ensemble de ces "champs" qu'elle recouvre ou qui s'en distinguent. A ce titre elle peut se passer de tout, sauf de popularité.

La crise de la religion en Europe coïncide avec une crise du peuple. Plus exactement, celle-ci suit celle-là, sans qu'on puisse établir entre elles un lien de causalité. 

On a souvent dit que la religion avait perdu le peuple au XIXe siècle; mais le peuple sans religion n'a pas tardé à se perdre lui-même, avec l'idéologie -- le marxisme populaire -- qui lui avait tenu lieu, un temps, de religion. Un réseau d'acteurs économiques, sociaux ou politiques (travailleurs, consommateurs, citoyens, communicateurs) ne fait pas un peuple, même s'il y joue quelquefois.

La religion européenne est morte en tant que religion. Le peuple européen est mort en tant que peuple.

Sur le terrain de ses autres, c.-à-d. sur le marché de la culture au sens le plus large, elle n'a plus à offrir que des sous-produits obsolètes, non concurrentiels: de la morale de sacristie à l'art de sacristie.

Dans un tel contexte on ne peut être religieux que sur le mode plus ou moins honteux de la nostalgie. Et ce qu'on attend naturellement des Eglises, c'est un conservatisme de musée. Symptomatiquement, les factions "progressistes" des Eglises historiques, tout comme les nouveaux mouvements religieux, font tout pour se dédouaner de la suspicion de religiosité. Du christianisme libéral aux Témoins de Jéhovah en passant par la mouvance évangélique et la néo-orthodoxie barthienne, tout le monde se retrouve sur le slogan aux accents surréalistes: "ceci n'est pas une religion."

Reste... du reste.

De la religion, de la religiosité, du religieux, partitif, diffus, spectral, qui hors des murs de la religion musée, de la religion mausolée, de la religion sépulcrale, erre, rôde, hante, obsède, infeste, habite, possède de façon occulte les champs dits "profanes" -- et d'ailleurs fort mal dits tels pour autant que ce soi-disant "profane" n'a plus de "sacré" auquel s'opposer pour se définir ainsi (cf. http://oudenologia.over-blog.com/article-erkekha-nephashoth-ou-de-l-estimation-des-vies-47044041.html et http://etrechretien.discutforum.com/religion-f1/traditions-religieuses-et-religiosite-diffuse-t307.htm).

Mais la nostalgie n'est pas toujours désespérée, et le désespoir même n'est pas toujours sans avenir.

Nous n'en avons peut-être pas fini avec la religion: phrase banale, hormis le ton, qui ne relève en l'occurrence ni de l'optimisme du prêtre rêvant de reconquête, ni du pessimisme du militant de la "laïcité"...

Ressusciter, pour elle, ce ne serait pas survivre (ce qu'elle fait déjà), mais reprendre corps: à la fois même et autre.

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