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10 décembre 2013 2 10 /12 /décembre /2013 22:32

L'âge, ce n'est pas un scoop, ralentit, les corps et les esprits s'il y a lieu, tandis que tout autour paraît s'accélérer: années, saisons, mois, semaines, jours, heures jadis interminables, où l'on se sentait si souvent égaré ou prisonnier, désespérant de jamais en sortir; quand ni les temps ni les états ne semblaient vouloir passer, parce qu'on était trop vif, trop agité ou trop pressé pour eux. Maintenant l'apparemment immobile s'anime. Les montagnes enfin dansent comme les nuages, et les nuages comme les vagues.

L'impermanence naguère redoutée et cependant désirée, crue et jamais tout à fait sue, sue et jamais tout à fait crue, la voilà maintenant, vue, entendue, touchée, goûtée, sentie; elle s'est faite chair, elle aussi, évidence sensible et sensuelle, rendant merveilleusement désuètes, tout en les justifiant après coup, toute angoisse et toute impatience, toute foi et toute spéculation à son sujet. C'est volontiers désormais qu'on s'y abandonne, et avec soi ce qu'on avait imaginé garder ou gagner; ou bien qu'on l'accueille, retrouvant avec elle ce qu'on avait cru perdre.

Bord à bord, l'allure de l'abordage. Une fenêtre à ne pas manquer, peut-être, dans quelque sens qu'on envisage la défenestration (ou l'infenestration, y compris le retour par la fenêtre de ce qu'on s'était figuré chasser par la porte). Un peu plus tard tout semblerait aller beaucoup trop vite; transi, glacé, pétrifié, fossilisé, on se mettrait encore à trembler, intérieurement, de la dislocation.

http://oudenologia.over-blog.com/article-article-sans-titre-121338361.html

http://oudenologia.over-blog.com/article-cueillette-matinale-119888125.html

D'une "métaphore" horizontale, latérale, l'autre, verticale: entre veille et songe, entre les mondes des vivants et des morts, le pas, la marche, le seuil se fait moins vertigineux. Presque de plain-pied. La volonté même n'y semble plus interdite (d'autant sans doute qu'elle ne prétend plus guère à se distinguer de l'involontaire), comme elle l'était jadis dans un sens par le mur de l'insomnie ou la chute dans le sommeil par épuisement, dans l'autre par la clôture du rêve, spécialement dans son espèce infernale ou cauchemardesque. De rencontrer les morts et autres disparus, on s'étonne à peine, et les souvenirs rêvés se mêlent naturellement aux expériences du jour. Les frontières s'effondrant, ou s'atténuant, l'horizon de la réalité dé-vastée s'élargit, et s'approfondit. Accomplis, dépassés, par l'illimitation aussi irrésisitible que peu spectaculaire de l'ordinaire, le sur-naturel et le sur-réel. Le temps doucement, imperceptiblement rassemble ce qu'il a dispersé. Ce n'est ni exaltant ni désagréable. Sans terreur, sans rancune et sans rage, on sera bel et bien, on est déjà de plus en plus, réuni à ses pères.

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