Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
12 janvier 2013 6 12 /01 /janvier /2013 14:04

Reconnaître à cette variable qu'à défaut de nom propre nous appelons réflexivement, dans différentes économies, de différents pronoms et noms communs -- nous, je, moi, sujet, personne, conscience, volonté, âme, esprit, Dasein, Lichtung --  et qui n'a sans doute de l'un(e) à l'autre pas plus d'identité que l'équivalence fonctionnelle et approximative d'une traduction, toutes choses n'étant jamais égales d'ailleurs, même dans ce qu'on nomme "une vie", son caractère d'événement, ponctuel, local, unique peut-être mais aussi épisodique et discontinu, ce serait déjà la décharger (nous décharger, donc) d'une responsabilité et d'un souci de conservation ou de reproduction qui ne lui incombe en aucune manière et dont son autre (la totalité, la divinité ou le monde qui lui fait face à chaque fois différemment) se charge fort bien sans elle.

Ce ne serait pas la déprécier -- bien au contraire, l'apprécier à sa juste valeur, sur le fond inévaluable de tout ce qui est et qu'elle n'est pas, dont toujours elle se détache à nouveau, surgissant Dieu sait comment pour s'inventer une histoire à (re-)partir de ce qu'elle trouve alors autour d'elle, à portée de main ou de regard -- d'une nouvelle situation, où elle sait et saura encore lire, faisons-lui confiance, les signes d'une vieille écriture à déchiffrer, à traduire et à interpréter.

Ce serait, en somme, s'accorder (réflexivement et réciproquement, à soi-même et les uns aux autres) le droit à l'évanouissement et au sommeil, à la disparition et à l'oubli, au cours d'"une vie" comme à la fin de celle-ci, sans crainte que rien ni personne ne se perde.

"L'homme" s'est-il jamais fait pire violence que de se rendre responsable -- de lui-même, de son devenir et de son monde ? Le progrès de sa morale a-t-il été autre chose qu'un raffinement de cruauté inquisitrice et persécutrice, soucieux -- Dieu sait pourquoi -- que non seulement personne, mais rien d'humain n'échappe à sa convocation -- que non seulement tout humain, mais tout l'humain ait à répondre de lui-même ? 

Mot d'ordre d'une telle sagesse, vieille comme le monde: existez, régnez, conquérez, dominez, maîtrisez quand et tant que le coeur vous en dit; mais lorsque vous serez fatigués, abandonnez-vous; tout -- votre corps y compris -- vous en saura gré -- et vous ménagera peut-être, plus loin, sous d'autres noms, la grâce et l'étonnement de frais réveils.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de Narkissos
  • : un peu de rien, un peu de tout, derniers mots inutiles tracés sur le sable, face à la mer
  • Contact

Recherche

Archives

Liens