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26 juin 2014 4 26 /06 /juin /2014 12:52

bruisse

ruisselle

murmure

chuchote

ondoie

ondule

sourd

jaillit 

danse

crépite

craque

gronde 

 

לַכּל זְמָן    וְעֵת לְכָל-חֵפֶץ    תַּחַת הַשָּׁמָיִם
עֵת לָלֶדֶת וְעֵת לָמוּת    עֵת לָטַעַת וְעֵת לַעֲקוֹר נָטוּעַ
עֵת לַהֲרוֹג וְעֵת לִרְפּוֹא    עֵת לִפְרוֹץ וְעֵת לִבְנוֹת
עֵת לִבְכּוֹת וְעֵת לִשְׂחוֹק     עֵת סְפוֹד וְעֵת רְקוֹד
עֵת לְהַשְׁלִיךְ אֲבָנִים,וְעֵת כְּנוֹס אֲבָנִים     עֵת לַחֲבוֹק וְעֵת לִרְחֹק מֵחַבֵּק
עֵת לְבַקֵּשׁ וְעֵת לְאַבֵּד    עֵת לִשְׁמוֹר וְעֵת לְהַשְׁלִיךְ
 עֵת לִקְרוֹעַ וְעֵת לִתְפּוֹר   עֵת לַחֲשׁוֹת וְעֵת לְדַבֵּר
עֵת לֶאֱהב וְעֵת לִשְׂנא   עֵת מִלְחָמָה וְעֵת שָׁלוֹם
מַה-יִּתְרוֹן הָעוֹשֶׂה בַּאֲשֶׁר הוּא עָמֵל 

רָאִיתִי אֶת-הָעִנְיָן אֲשֶׁר נָתַן אֱלהִים לִבְנֵי הָאָדָם לַעֲנוֹת בּוֹאֶת הַכּל עָשָׂה יָפֶה בְעִתּוֹ גַּם אֶת-הָעלָם נָתַן בְּלִבָּם מִבְּלִי אֲשֶׁר לא-יִמְצָא הָאָדָם אֶת-הַמַּעֲשֶׂה אֲשֶׁר-עָשָׂה הָאֱלהִים מֵראשׁ וְעַד-סוֹף

  

Διαιρέσεις δὲ χαρισμάτων εἰσίν, τὸ δὲ αὐτὸ πνεῦμα: καὶ διαιρέσεις διακονιῶν εἰσιν, καὶ αὐτὸς κύριος: καὶ διαιρέσεις ἐνεργημάτων εἰσίν, δὲ αὐτὸς θεός, ἐνεργῶν τὰ πάντα ἐν πᾶσιν. ἑκάστῳ δὲ δίδοται φανέρωσις τοῦ πνεύματος πρὸς τὸ συμφέρον. μὲν γὰρ διὰ τοῦ πνεύματος δίδοται λόγος σοφίας, ἄλλῳ δὲ λόγος γνώσεως κατὰ τὸ αὐτὸ πνεῦμα, ἑτέρῳ πίστις ἐν τῷ αὐτῷ πνεύματι, ἄλλῳ δὲ χαρίσματα ἰαμάτων ἐν τῷ ἑνὶ πνεύματι, ἄλλῳ δὲ ἐνεργήματα δυνάμεων, ἄλλῳ [δὲ] προφητεία, ἄλλῳ [δὲ] διακρίσεις πνευμάτων, ἑτέρῳ γένη γλωσσῶν, ἄλλῳ δὲ ἑρμηνεία γλωσσῶν: πάντα δὲ ταῦτα ἐνεργεῖ τὸ ἓν καὶ τὸ αὐτὸ πνεῦμα, διαιροῦν ἰδίᾳ ἑκάστῳ καθὼς βούλεται. Καθάπερ γὰρ τὸ σῶμα ἕν ἐστιν καὶ μέλη πολλὰ ἔχει, πάντα δὲ τὰ μέλη τοῦ σώματος πολλὰ ὄντα ἕν ἐστιν σῶμα, οὕτως καὶ Χριστός: καὶ γὰρ ἐν ἑνὶ πνεύματι ἡμεῖς πάντες εἰς ἓν σῶμα ἐβαπτίσθημεν, εἴτε Ἰουδαῖοι εἴτε Ελληνες, εἴτε δοῦλοι εἴτε ἐλεύθεροι, καὶ πάντες ἓν πνεῦμα ἐποτίσθημεν. καὶ γὰρ τὸ σῶμα οὐκ ἔστιν ἓν μέλος ἀλλὰ πολλά. ἐὰν εἴπῃ πούς, Οτι οὐκ εἰμὶ χείρ, οὐκ εἰμὶ ἐκ τοῦ σώματος, οὐ παρὰ τοῦτο οὐκ ἔστιν ἐκ τοῦ σώματος: καὶ ἐὰν εἴπῃ τὸ οὖς, Οτι οὐκ εἰμὶ ὀφθαλμός, οὐκ εἰμὶ ἐκ τοῦ σώματος, οὐ παρὰ τοῦτο οὐκ ἔστιν ἐκ τοῦ σώματος: εἰ ὅλον τὸ σῶμα ὀφθαλμός, ποῦ ἀκοή; εἰ ὅλον ἀκοή, ποῦ ὄσφρησις; νυνὶ δὲ θεὸς ἔθετο τὰ μέλη, ἓν ἕκαστον αὐτῶν, ἐν τῷ σώματι καθὼς ἠθέλησεν. εἰ δὲ ἦν τὰ πάντα ἓν μέλος, ποῦ τὸ σῶμα; νῦν δὲ πολλὰ μὲν μέλη, ἓν δὲ σῶμα. οὐ δύναται δὲ ὀφθαλμὸς εἰπεῖν τῇ χειρί, Χρείαν σου οὐκ ἔχω, πάλιν κεφαλὴ τοῖς ποσίν, Χρείαν ὑμῶν οὐκ ἔχω: ἀλλὰ πολλῷ μᾶλλον τὰ δοκοῦντα μέλη τοῦ σώματος ἀσθενέστερα ὑπάρχειν ἀναγκαῖά ἐστιν, καὶ δοκοῦμεν ἀτιμότερα εἶναι τοῦ σώματος, τούτοις τιμὴν περισσοτέραν περιτίθεμεν, καὶ τὰ ἀσχήμονα ἡμῶν εὐσχημοσύνην περισσοτέραν ἔχει, τὰ δὲ εὐσχήμονα ἡμῶν οὐ χρείαν ἔχει. ἀλλὰ θεὸς συνεκέρασεν τὸ σῶμα, τῷ ὑστερουμένῳ περισσοτέραν δοὺς τιμήν, ἵνα μὴ σχίσμα ἐν τῷ σώματι, ἀλλὰ τὸ αὐτὸ ὑπὲρ ἀλλήλων μεριμνῶσιν τὰ μέλη. καὶ εἴτε πάσχει ἓν μέλος, συμπάσχει πάντα τὰ μέλη: εἴτε δοξάζεται [ἓν] μέλος, συγχαίρει πάντα τὰ μέλη. Ὑμεῖς δέ ἐστε σῶμα Χριστοῦ καὶ μέλη ἐκ μέρους. καὶ οὓς μὲν ἔθετο θεὸς ἐν τῇ ἐκκλησίᾳ πρῶτον ἀποστόλους, δεύτερον προφήτας, τρίτον διδασκάλους, ἔπειτα δυνάμεις, ἔπειτα χαρίσματα ἰαμάτων, ἀντιλήμψεις, κυβερνήσεις, γένη γλωσσῶν. μὴ πάντες ἀπόστολοι; μὴ πάντες προφῆται; μὴ πάντες διδάσκαλοι; μὴ πάντες δυνάμεις; μὴ πάντες χαρίσματα ἔχουσιν ἰαμάτων; μὴ πάντες γλώσσαις λαλοῦσιν; μὴ πάντες διερμηνεύουσιν; ζηλοῦτε δὲ τὰ χαρίσματα τὰ μείζονα. Καὶ ἔτι καθ' ὑπερβολὴν ὁδὸν ὑμῖν δείκνυμι. 

Entre 1) Qohéleth (ou l'Ecclésiaste, chapitre iii) qui tempor(al)ise rythmiquement des différences verbales ou substantivales, les espaçant en une série d'oppositions diamétrales et non superposables qui les inscrit dans l'espace graphique (le plan) d'une configuration circulaire, à l'instar d'un calendrier perpétuel, astral ou agraire, et 2) saint Paul (1 Corinthiens xii, mais il faudrait prolonger la lecture jusqu'au chapitre xv) qui en spatialise d'autres en une distribution (casting) de rôles (parts) à des acteurs membres ou organes, les organisant et les fonctionnalisant dans la figure englobante d'un "corps" ou d'un "organisme" (swma) -- fût-il "spirituel" (pneumatikon) avec ce que cela implique de spectralisation dans la spatialisation -- le rapprochement est étonnamment peu fréquent. Il s'agit pourtant de deux "économies" distributives de la différence sensible, tendant à rendre celle-ci intelligible -- deux artifices graphiques, deux écritures à cet égard au moins comparables.

 

La première, dirait-on, embrasse (ou ratisse) beaucoup plus large que la seconde: elle fait pour ainsi dire le tour de l'expérience et de l'activité humaines ordinaires en quatorze (7 x 2) antithèses, évidentes ou anecdotiques (naissance / mort, plantation / arrachage; mise à mort / guérison, démolition / construction; larmes / rire, deuil / danse; jeter des pierres / ramasser des pierres, étreinte / refus de l'étreinte; chercher / perdre, garder / jeter; déchirer / coudre, silence / parole; amour / haine, guerre / paix), qu'elle s'abstient ostensiblement de hiérarchiser et même de valoriser différentiellement: ce ne sont pas des oppositions bien / mal, bon / mauvais, ni même meilleur / pire (ou moins bon), quoique les vingt-huit (7 x 2 x 2)  termes opposés un à un s'y prêteraient; ce sont simplement des temps ou des moments qui, a priori, se valent -- le commentaire prosaïque qui fait suite à l'énumération souligne d'ailleurs, de manière assez provocante au vu de ce qu'il commente, que le dieu a fait toute chose belle en son temps. 

 

La seconde, l'image paulinienne du corps (qui dans sa description anatomique, organique et fonctionnelle, n'est pas non plus exempte de rythme, binaire et ternaire notamment), est dominée par le sens de l'utilité ou de la nécessité commune -- comme dans le modèle classique de Menenius Agrippa, à propos des citoyens et de la cité ; a priori elle n'admettrait entre les "membres" (parties, organes) que des antagonismes fonctionnels, utiles à l'ensemble, tel celui du pouce opposable aux autres doigts: l'harmonie de la communauté semble supposer l'exclusion du négatif, de l'antagonisme hostile et destructeur (haine, meurtre, guerre). Surtout, bien sûr, il ne s'agit pas d'activités humaines ordinaires, mais des "charismes" d'une micro-société religieuse.

 

Le rôle de "l'amour" dans les deux économies n'en est pas moins caractéristique: chez Paul (cf. chap. xiii), un absolu sans contraire et sans fin, indépassable, qui déjà permet l'harmonie utile des différences et les surmonte à l'horizon de l'éternité; chez Qohéleth, un moment du cycle comme un autre, pas même meilleur que la haine qui symétriquement et tout aussi nécessairement s'y oppose.

 

D'un côté, en somme, une observation esthétique, amorale, "neutre" ou plutôt  "utraquiste" (c'est plus et l'un et l'autre, uter- ou utra-que, que ni l'un ni l'autre, ne-uter) d'un monde en continuel changement mais sans utilité ni progrès global (rien de nouveau sous le soleil), ni possibilité locale d'avantage, de gain, de bénéfice durable et capitalisable pour aucune "partie" provisoirement constituée (que reste-t-il à l'homme...), où les différences s'annulent en plus d'un sens: se bouclent en anneau ou en année, et se neutralisent mutuellement. De l'autre, le sens d'un projet modeste à l'origine (il ne s'agit jamais, dans le contexte immédiat, que de canaliser ou de réguler l'enthousiasme anarchique d'une petite secte charismatique aux marges du judaïsme gréco-romain) mais promis à un avenir grandiose; dans l'épître aux Romains et surtout dans les épîtres "deutéro-pauliniennes", aux Colossiens et aux Ephésiens, le "corps" identifié au Christ ressuscité et à une "Eglise" déjà "universelle" est un corps en croissance infinie appelé à remplir, à réconcilier et à transfigurer rien de moins que le kosmos, sans aucune perspective de déclin qui annulerait son événement en le réinscrivant dans un cycle quelconque. On l'a assez répété depuis saint Augustin: le christianisme aurait brisé le cercle de la temporalité antique et inventé l'éternité en ligne droite (ou plutôt en demi-droite, avec commencement et sans fin) et surtout ascendante; le sens du progrès en quelque sorte.

 

Deux visions religieuses cependant, sacerdotales dans un sens très large du terme (tel que l'emploie par exemple Nietzsche), qui ordonnent leur monde grand ou petit selon une logique -- ici cyclique (c.-à-d. globalement statique), là utilitariste, dynamique et progressiste -- et des "idéologies" aussi contraires que possible. On reconnaît volontiers chez Qohéleth une proximité de vues avec l'école "sadducéenne", dominante dans l'aristocratie sacerdotale de Jérusalem depuis l'époque hellénistique, et avec un certain épicurisme philosophique en vogue à cette époque et surtout dans cette classe. Une pensée, donc, moins "ancienne" et "traditionnelle" qu'"archaïsante" ou "réactionnaire", réfractaire aux innovations scripturaires, prophétiques et apocalyptiques, d'une eschatologie qui entend donner un "sens" à "l'histoire" individuelle et collective en l'orientant vers une fin. Quant à saint Paul, que l'hagiographie néotestamentaire présente avec insistance comme un (ex-)pharisien, il s'inscrit au contraire dans le cadre ou sur le socle de ces innovations théologiques (fin du monde, résurrection, jugement dernier, monde nouveau et définitif), qu'à sa manière il assume et dépasse:  si le Christ est (déjà) mort et ressuscité, s'ouvre à ses yeux la possibilité, dans ce monde-ci, d'une économie nouvelle qui relèverait (déjà) de l'après-fin, dotée de perspectives d'avenir éternel et d'expansion infinie.

 

Autant dire qu'il n'est pas question de les réconcilier, ces deux-là, ni même de les faire comparaître ensemble devant l'instance lumineuse d'un logoV ou d'un nomoV qui les départagerait ou leur assignerait à chacun sa place dans quelque super-économie subsumante. Qohéleth, irrésistiblement, annulerait saint Paul, en le réinscrivant dans son cycle temporel de vanité; celui-ci, de son côté, ne trouverait l'espace même de sa pensée que dans un dépassement de celui-là, qui le rendrait définitivement caduc. Il ne coexistent, tant bien de mal, que dans l'espace graphique, a-logique et a-nomique (cwra), de l'écriture et du livre qui, par hasard ou par providence, les a réunis.

 

Mais pas question non plus, dès lors, d'interdire entre eux la communication de l'intertextualité: c'est bien une sorte de corps cosmique, quelque nom qu'on lui donne (monde, être, création), que dessine la ronde des temps de Qohéleth, Et de la différence temporelle (un temps pour tout) se réinscrit tout aussi nécessairement dans la distribution organique du corps christico-ecclésial de saint Paul (cf. chapitre xiv: pour que tous les charismes et opérations s'exercent, il faut qu'ils ne s'exercent pas tous en même temps; que les uns se taisent, le temps que les autres parlent), en attendant de la réinscrire dans "l'histoire des idées" ou dans le cours du temps qui passe. Le constat du non-sens, malgré lui, dégage du sens; la proclamation du sens, en prenant place à ses côtés dans le livre, se recycle dans une temporalité qui la perd et qu'en dépit de toute sa détermination elle ne saurait maîtriser.

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