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19 décembre 2013 4 19 /12 /décembre /2013 14:17

http://oudenologia.over-blog.com/article-esoterique-de-l-obscurantisme-114771690.html

 

il fallait                          aux hommes comme aux dieux

              des ténèbres

                                       épaisses palpables 

                                       matérielles maternelles

                                       ambiguës équivoques 

                                       indécises indécidables

               des trous des plis des replis vagins matrices

               des forêts des cavernes des grottes

                                   tempérées humides douces l'hiver fraîches l'été

               des maisons des toits des murs des prisons

               des temples des sanctuaires des églises des sacristies obscures

               des chambres des cellules des cachots

               des portes des fenêtres des rideaux des voiles

               de l'architecture et de la moisissure

               des secrets des mystères des arcanes

                                      pour se replier se cacher se dissimuler

                                                s'abriter se protéger se préserver se réserver

                                                se ressourcer se renouveler se régénérer

                                                dormir rêver inventer songes et mensonges

                                                croupir pourrir mourir aussi

ô fanatiques de la lumière et de la transparence

                        du solaire et du sanitaire 

                        de la veille et de la conscience

   qui avec vous nous désséchâtes commes limaces au soleil

que vous vous connaissiez mal !

 

*

*          *

 

Le doute-hésitation, (dia-)critique par excellence (le dia-krinomai du Nouveau Testament, à la voix moyenne-passive, dont je n'avais pas signalé précédemment qu'il semble être une trouvaille linguistique des "premiers chrétiens", cet usage du verbe n'étant attesté ni avant, ni ailleurs que dans des écrits "chrétiens"), où selon une syntaxe un tantinet désuète on doute ou on hésite si (ob, whether), face à ce qui se présente comme alternative (au moins) binaire, bifurcation, patte d'oie, droite ou gauche, haut ou bas, ici ou là, oui ou non, bien ou mal, qu'il s'agisse de dire, de faire ou singulièrement de croire ou pas, exigeant choix et décision aussi indécidable soit-elle, arrêtant et paralysant tel le sphinx celui qui arrivé là ne parvient pas à se décider, le divisant en retour à sa ressemblance (diakrinomenoV = diyucoV, dit conformément au sens premier du verbe l'épître de saint Jacques: celui qui doute-hésite, littéralement est divisé, le voilà ipso facto "double-d'âme", duplice à l'image de la dualité qu'il envisage et qui le dévisage -- cela pourrait bien occuper aussi entre foi et foi, foi prétendument d'en-deçà et d'au-delà du doute, la position faussement médiane et médiatrice du miroir. Par rapport à l'aporie immobilisante du doute, le prétendu pas (ou saut) de la foi au-delà du doute serait aussi une régression en-deçà du doute et de l'alternative. Il consisterait moins à choisir une option contre l'autre (ou parmi d'autres), comme dans le modèle du pari, qu'à récuser, réfuter ou refuser (comme le cheval refusant l'obstacle) l'alternative et, partant, le choix. Non en suspendant celui-ci (sur le mode du scepticisme ou de l'agnosticisme qui s'installent plus ou moins confortablement devant ou dans l'alternative), mais en s'en détournant et en s'en écartant, ne fût-ce que pour le contourner. La prétendue victoire de la foi sur le doute est alors peu glorieuse, sûrement pas héroïque: c'est aussi une retraite et un repli; elle n'aura passé son chemin qu'en rebroussant chemin, si imperceptible que soit le recul nécessaire à l'écart.

Reste sans doute (!) une différence qualitative, subtile, de modestie peut-être, entre la foi qui a connu l'épreuve du doute et celle qui ne l'a pas (encore) connue. Différence à peine consciente, dans la mesure où ce n'est pas une autre foi, où pour croire encore de la même foi il lui aura fallu oublier le doute. Elle sait quand même, au fond d'elle-même, qu'elle dépend d'un certain lieu et qu'à le quitter elle se perd.

[Je me suis plusieurs fois référé à un mot attribué à Bismarck que j'avais trouvé extrêmement profond -- je ne sais plus où je l'avais lu, et je n'en retrouve sur le net qu'une version anglaise, rien en allemand, ce qui n'est pas très bon signe quant à son authenticité. Cela donnait à peu près: "Il n'y a qu'une folie pire que celle du fou qui dit en son cœur: 'Il n'y a point de Dieu" (cf. Psaume xiv, 1], c'est celle du peuple qui dit avec sa tête qu'il ne sait pas s'il y a un Dieu ou non."]

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