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9 décembre 2011 5 09 /12 /décembre /2011 22:10

Ei tiV qelei opisw mou akolouqein, aparnhsasqw eauton kai aratw ton stauron autou kai akolouqeitw moi.

(Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renie lui-même, se charge de sa croix et me suive; Marc viii, 34 et parallèles; sa propre croix, ton stauron eautou, Luc xiv, 27).

La "dépossession", y compris la cess(at)ion de soi, s'appuie sur un possessif incessible. L'aliénation, sur l'inaliénable.

Tandis que l'allègement, le dégrèvement, passe par un dispositif de prise en charge.

Assomption : prise et levier.

La croix, ici (contrairement à l'épisode de Simon de Cyrène), n'est pas du Christ, quoique assumée et portée à sa suite -- derrière lui, après lui.

La mort n'offre de prise qu'en tant qu'elle se présente comme ma mort.

En ce même point d'intérêt où "Dieu" se fait "mon Dieu".

Egocentricité transpersonnelle de l'appropriation: singulière appropriabilité qui excède toute appropriation, dont l'assignation est d'autant moins close qu'elle est signée, de cette "première personne" qui est toujours la même en n'étant jamais la même, toujours déjà endossée, toujours encore endossable, contresignée et contresignable (cf. le "je", plus encore que le "nous", des psaumes par exemple, de récitation en récitation, de génération en génération, de traduction en traduction, de religion en religion, de civilisation en civilisation, toujours actuel dans la reprise différée du même texte).

Tour de passe-passe d'un "je suis mort", qui n'en finit pas de passer du faux au vrai et du vrai au faux, tout en passant de l'un à l'autre qui, lorsqu'il le relève, n'est justement plus un autre.

Cela donc se porte (airw), non seulement à chaque fois chacun pour soi, mais comme sien: comme le grabat du paralytique guéri, sur lequel d'autres le portaient (Marc ii, 3ss //); comme se porte aussi le "joug léger" du Christ de Matthieu (xi, 29s).

Le quatrième évangile, qui omet ce logion de la croix propre à porter en propre, le réinscrit à sa manière dans la formule emphatique: bastazwn eautw ton stauron, "portant (pour) lui-même la (et non sa) croix", qu'il oppose à l'épisode (évidemment omis) de Simon de Cyrène: mais l'agneau de Dieu est celui qui (en-)lève et (em-)porte le péché du monde (airwn thn amartian tou kosmou, i, 29), celui à qui nul autre n'enlève sa "vie" ou son "âme" (oudeiV airei authn ap emou, x, 18): tout le monde, et personne. 

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