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16 mars 2019 6 16 /03 /mars /2019 11:31

Même apocryphe, le réputé slogan franquiste ¡ muera la inteligencia ! (variante ¡ mueran los intelectuales [traidores] ! ) donne, malgré lui, à réfléchir -- avec ou sans, mais plutôt avec son compagnon d'armes mieux attesté ¡ viva la muerte ! On songe anachroniquement à un renversement de celui de mai 1968, qui aurait en sa faveur l'indécision du mode, jussif ou indicatif, du verbe sous-entendu: la bêtise au pouvoir (!)

L'intelligence et la bêtise ne se laissent certes pas séparer ni départager, ni par la vie ni par la mort, ni par le temps ni par l'instant, ni par le ciel ni par l'histoire, ni par le pouvoir qu'elles exercent ou subissent, ensemble, l'une sur l'autre ou l'une de l'autre, fût-ce dans la tête ou le cœur de chaque individu prétendu. Chaque pas de leur danse interminable offre d'autres figures et d'autres configurations de leur couple, elles ne s'entendent pas pour autant.

Darkness shining in brightness which brightness could not comprehend (Ulysses). L'intelligence pédagogique ou démagogique (au meilleur sens du terme à ses propres yeux) n'en finit pas de s'enseigner, de s'expliquer, de se démontrer, de tâcher de se faire comprendre de celle qu'elle ne comprend pas mais dont elle a quand même compris qu'elle ne la comprendrait jamais; comme si elle ne pouvait faire l'économie d'un assentiment forcé, d'une adhésion nulle et sans valeur selon ses propres critères, et pourtant sans prix -- la démocratie et toutes les démocratisations étant à cet égard autant effets que causes. La bêtise, de son côté, ne saurait renoncer à s'exprimer, à se manifester comme un oracle infaillible, obscur et compulsif qui d'avance récuse le prophète, l'interprète ou l'exégète intelligent dont elle aurait besoin pour se faire comprendre, mais qui ne saurait la traduire sans la trahir.

Damned if you do, damn if you don't, dilemme du rapport et du non-rapport de l'intelligence au pouvoir, et dès lors inéluctablement au pouvoir de la bêtise.

*

*              *

Bienvenue à ce ciel bleu, à ce soleil, à ces monts lointains, ni vivants ni morts, ni sages ni sots, ni puissants ni impuissants, où déjà, comme il y a cent ans et comme dans mille ans, je ne suis pas.

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