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2 février 2017 4 02 /02 /février /2017 13:10

Alors que je "feuilletais", si l'on peut dire, une traduction "online" de Zarathoustra à la recherche d'un autre passage, mon œil a été attiré par la proposition "il n'y a pas de non-moi". Celle-ci m'a frappé parce qu'elle semblait éclairer, d'un éclair, le rapport obscur, habituellement obscurci par ses explications comme par ses dénégations, de l'"œuvre" à la "folie" nietzschéennes.

Vérification faite, ce n'est pas tout à fait ce que dit le texte (III, xii, 2): ce que H. Albert (c'était lui) traduisait par "Pour moi -- comment y aurait-il quelque chose en dehors de moi ? Il n'y a pas de non-moi !", c'était: "Für mich -- wie gäbe es ein Ausser-mir ? Es giebt kein Aussen !"

Négation, donc, pour moi avec toute l'ambiguïté du tiret nietzschéen, non de la négation mais de l'extérieur de "moi", du "moi", ou de l'extériorité comme telle. Il n'y aurait rien de tel, pour moi, que l'extériorité comme telle, corollaire pourtant nécessaire et illusoire de l'illusion nécessaire qui le détermine, l'intériorité d'un moi comme telle, ou comme tel. Point de bascule et de renversement du perspectivisme vital, dont l'affirmation entraîne irrésistiblement la négation.

Le texte mérite d'être relu (c'est dans le chapitre du "convalescent", convalescent du dégoût, Ekel, Ekel, Ekel, dégoût de l'éternel retour qui est l'ombre de sa joie. Juste avant le chant de l'âme.

Ce qui suit immédiatement, dans ce dialogue de Zarathoustra avec ses animaux dont ceux-ci prennent l'initiative, pour le relever de sa prostration, c'est le langage comme son et le son comme musique.

Aber das vergessen wir bei allen Tönen; wie lieblich ist es, dass wir vergessen!

Sind nicht den Dingen Namen und Töne geschenkt, dass der Mensch sich an den Dingen erquicke? Es ist eine schöne Narrethei, das Sprechen: damit tanzt der Mensch über alle Dinge.

Wie lieblich ist alles Reden und alle Lüge der Töne! Mit Tönen tanzt unsre Liebe auf bunten Regenbögen.

(Traduction modifiée: Mais cela, tous les sons nous le font oublier; comme il est aimable que nous oubliions ! Les noms et les sons ne sont-ils pas donnés aux choses, pour que l'homme s'en réconforte ? C'est une belle folie que le langage: par lui l'homme danse sur toutes les choses. Aimables tous les discours et tous les mensonges des sons. Par eux notre amour danse sur des arcs-en-ciel diaprés.)

 

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