Doigt invisible forcément au-dessus, au-dessous, à l'intérieur ou en arrière du moindre mouvement de doigt visible, et derrière celui-là un autre encore plus ou moins qu'invisible, et ainsi de suite en principe à l'infini, d'effet en cause et en intention, d'acte en puissance et en volonté, de moteur en motif et en mobile, de corps en âme, en esprit ou en sujet, en spectre, en ombre, en fantôme ou en fantasme, aussi longtemps du moins que la chaîne métaphysique et sophistique, régressive et réflexive à la fois, n'est pas brisée par plus arbitraire qu'elle, tel le nœud gordien d'un coup d'épée stupide et cependant plus intelligent que toute sa machination.
Regrets d'autant plus infinis qu'infiniment équivoques, où le remords du mal commis ou du bien omis ne se distingue plus de son supposé contraire, la nostalgie de l'acte ou de l'inaction mêmes. Tel le repentir du dieu créateur devant l'océan, ou ce qu'il en reste.
(Ce que le récit du déluge a perdu en intelligibilité dramatique en passant d'Atrahasis ou de Gilgamesh à la Genèse, et du polythéisme mésopotamien au monothéisme néo-judéen, il l'a gagné en profondeur paradoxale et ambiguë: la violence du même l'emportant sur tout autre emporte même le même.)
Mauvaise conscience des mauvais infinis ? Y a-t-il rien de tel qu'une bonne conscience, ou un bon infini ? A perte de vue d'autant qu'elle rend la vue courte, la brume qui se déchire pourtant inopinément, par l'éclaircie soudaine et sans raison d'un éclat de rire ou de la plus humble résolution; par la grâce légère du plus modeste commencement, d'histoire petite ou grande mais toujours d'avance finie, par définition. Autrement dit ou écrit, in-finie par dé-finition.
Libera nos ab infinito.